Partir revenir

Si le mouvement est une condition du vivant, pour ma part il est ma condition sine quoi non pour écrire. Depuis quelques années j’ai trouvé des solutions à cette nécessité. Je pars en trek dans le désert.

Se mettre en marche. Ce simple mouvement suffit. Laisser le compas des jambes faire ses arpentages. Relancer le balancier de la pendule. Pas besoin d’un ailleurs lointain, ni d’un but certain. Je pars avec la seule intention de purger mes yeux, mes habitudes, mes certitudes. Redevenir candide, enfant né de la dernière pluie pour pouvoir à nouveau s’émerveiller de tout.

Ailleurs l’herbe est-elle plus verte ? Non. Ailleurs l’herbe est regardée avec une autre attention. Tout est une question d’attention à ce qui nous entoure. Dans le familier tout devient invisible. Le quotidien rend myope ou couvre nos yeux d’une cataracte d’indifférence. Revenons chez nous après un mois d’absence avec notre regard rincé, et tout nous saute aux yeux.

Avoir la bougeotte ce n’est pas nécessairement fuir là où l’on est. Pour ma part il s’agit d’aller cueillir des idées nouvelles dans des muriers inconnus sans se soucier des ronces.

Et puis il est toujours plus facile de partir quand on sait qu’on peut à volonté revenir se blottir dans les bras accueillants de nos douces habitudes que l’on aura aussitôt fait de chambouler à nouveau de peur de s’endormir sur nos lauriers.

 

(Images prises lors d’une randonnée chamelière dans le sud de l’Algérie, dans le Tassili N’Ajjer et la vallée d’Iherir.)